« Les yeux se ferment, comme éblouis d’avoir contemplé trop d’images », écrivait Debussy à propos d’Iberia d’Albéniz, véritable testament musical où se mêlent le folklore hispanique et les couleurs impressionnistes françaises. Jerez, extrait du quatrième cahier, en est un exemple saisissant : une évocation à la fois populaire, sensuelle et vaporeuse.
À la même époque, à Paris, Ravel compose Alborada del Gracioso, parodie savante et virtuose d’une Espagne rêvée, stylisée, où le folklore devient art pur. Cette œuvre partage avec Albéniz un goût pour les rythmes vifs et les timbres chatoyants.
Ravel déclarait en 1905 : « Je n’ai pas encore écrit une seule œuvre qui ne soit influencée par Grieg ». La Ballade, op. 24, du compositeur norvégien, construite sur le thème populaire « Den nordlandske bondestand » (« La paysannerie du Nordland »), incarne cette volonté de créer un répertoire profondément enraciné dans l’âme d’un peuple. Par son lyrisme rude et son architecture implacable, elle fait écho à la densité émotionnelle de Jerez.
Des résonances impressionnistes se devinent déjà dans la Ballade n°4 de Chopin, chef-d’œuvre absolu du XIXᵉ siècle. L’écriture y atteint un équilibre parfait entre narration poétique et intensité dramatique, dans un langage d’une richesse harmonique exceptionnelle.
Enfin, Scriabine — héritier spirituel de Chopin — fait entendre dans sa Sonate n°3, op. 23, une vision du piano comme théâtre de l’âme. Œuvre de contrastes violents et de rêves exaltés, elle porte déjà les germes du mysticisme brûlant qui habitera les dernières œuvres du compositeur russe.
1h
Piano
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