Dimanche 23 Novembre 1701

Au tout début du XVIII^e siècle, un article du Mercure Galant rapporte un concert, auquel a assisté le roi Louis XIV, en les termes suivants :

Le Dimanche 23, il y eut le matin Conseil de Ministres, où Monseigneur assista, Le Roy tira l’apres dînée. Messeigneurs les Ducs de Bourgogne & de Berry ne sortirent point. Mr Le Duc d’Orleans courut le Cerf avec sa Meute, & Monsieur le Comte de Toulouze l’accompagna. Madame la Duchesse de Bourgogne n’alla point à la promenade, & entendit le soir le Salut dans la Chapelle des Mathurins. Monseigneur le Duc de Bourgogne luy donna un grand souper à huit heures dans son appartement nouveau, où plusieurs Dames furent invitées. Le Roy entendit aprés son souper dans son Cabinet un concert exquis d’airs Italiens, executé par les Sieurs Forcroy pour la Viole, Couperin pour le Clavessin, & du jeune Baptiste qui est à Monsieur le Duc d’Orleans, pour le Violon.

Inspiré par cette si amusante description, l’ensemble Ekphrasis a souhaité réinventer le programme de cette soirée du dimanche 23 novembre 1701. Au travers de pièces directement écrites par les interprètes ayant joué devant le roi (François Couperin ou Antoine Forqueray), mais aussi par une sonate italienne du compositeur italien Arcangelo Corelli et publiée un an auparavant, le public d’aujourd’hui pourra se plonger dans l’atmosphère sonore de ce concert d’autrefois. Fidèle également aux pratiques des musiciens amateurs ou professionnels de l’époque, l’ensemble Ekphrasis vous propose de découvrir des transcriptions de musique polyphonique, destinées à l’orgue, et arrangées – comme les compositeurs eux-mêmes proposaient de le faire – aux instruments monodiques accompagnés d’une basse continue. Portés également par l’idée que le sieur Couperin ou Forqueray ont pu faire entendre leur musique devant le roi, le violiste Mattéo Di Capua s’est lui-même prêté au jeu de la composition d’une pièce pour la viole et le clavecin. La quantité importante de répertoire laissée par ces musiciens de l’époque baroque nous fait parfois oublier qu’ils étaient tout d’abord eux-mêmes des interprètes virtuoses.