Ce programme met en regard deux univers musicaux qui, chacun à leur manière, interrogent la perception du temps.
Le Trio op. 100 de Franz Schubert est une œuvre d’une envergure exceptionnelle, où le temps semble tantôt suspendu, tantôt dilaté, comme si la musique s’étirait au-delà de ses propres limites. Schubert, à la croisée du classicisme et du romantisme, construit une forme qui échappe aux schémas traditionnels : ses motifs se répètent, se transforment insensiblement, donnant à l’écoute une impression d’errance et d’inexorabilité. Le célèbre Andante con moto, avec son thème funèbre obstiné, semble avancer avec la régularité d’une horloge implacable, tout en ouvrant des espaces de respiration où le chant intérieur se déploie avec une infinie tendresse.
En contrepoint, D’un matin de printemps et D’un soir triste de Lili Boulanger condensent en quelques minutes une expressivité fulgurante. Là où Schubert étire le temps, Boulanger le fragmente : D’un matin de printemps foisonne d’impulsions brèves, de gestes éclatés qui donnent à la musique une effervescence insaisissable, comme un éclat de vie capté dans son instant le plus fragile. D’un soir triste, à l’inverse, semble figer l’espace sonore, dans une temporalité lourde et oppressante, où chaque sonorité résonne comme un écho du silence.
En mettant en dialogue ces œuvres, nous explorons deux façons de modeler la durée musicale : une tension entre l’expansion et la concentration, entre le flux continu et la fragmentation. Ce concert propose ainsi un voyage sensoriel où le temps, tour à tour suspendu, évanescent ou oppressant, devient lui-même le cœur de l’expérience musicale.
1h30
Violon
Piano
Violoncelle
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